Dans cet article, on va voir ensemble les similitudes entre sportifs de haut niveau et entreprenariat. Je suis actuellement avec Patrick Soula.
Maxence : Salut Patrick ! Est-ce que tu peux rapidement te présenter, pour les personnes qui ne connaissent pas la carrière de haut niveau que tu as réalisée par le passé. Ensuite, nous donner les attitudes gagnantes et souvent, les similitudes qu’on peut retrouver à travers le sport de niveau ; ou alors, réussir dans l’entreprenariat à travers son activité.
Patrick : Bonjour ! Je m’appelle Patrick Soula, j’ai 54 ans. La première partie de ma vie est consacrée essentiellement au sport et au rugby, pour ne pas le nommer. J’ai eu la chance de gagner plusieurs titres avec le Stade Toulousain. Après ma carrière sportive, je me suis reconverti et j’ai créé un concept de restauration complètement axé et calqué sur les années 50 ; que j’ai appelé du prénom de mon fils, et qui aujourd’hui est l’essentiel de mon travail.
Les règles du succès selon Patrick Soula
Maxence : Souvent, on s’aperçoit dans les médias qu’il y a des jeunes talents prêts à éclore. Il y a des échecs et des fois il y a des personnes dont on n’a pas entendu parler dans des équipes de jeunes, et ils percent. C’est exactement la même chose aussi sur internet. Des gens dont on n’entend pas trop parler et ils ont une grosse montée rapide. C’est quoi les règles du succès ? Quelles sont les attitudes à avoir pour sortir de la masse et arriver à soit faire carrière, ou arriver à avoir son business qui cartonne.
Patrick : Je ne connais pas les règles. Je peux vous dire ce que j’applique à moi-même depuis le début. Comme je l’ai déjà dit, je n’avais pas des qualités extraordinaires, je n’étais pas hyper doué. Il y avait des gens beaucoup plus grands, beaucoup plus costauds, beaucoup plus forts, beaucoup plus agressifs que moi, qui allaient beaucoup plus vite. Quand je suis passé de junior à senior, j’ai franchi un cap qui m’a permis de faire une carrière de quasiment 14 ans en Top 14, j’ai gagné 11 titres. Je me pose toujours la question de savoir pourquoi les gens avec qui j’ai joué quand j’étais jeune et qui étaient meilleurs que moi, plus doués, plus tout ce que je viens de citer, n’ont pas franchi le cap. Je n’ai que la réponse à ce que j’ai fait moi. J’ai probablement beaucoup plus travaillé qu’eux. Avoir une volonté peut-être au-dessus de la norme et surtout quand on a envie d’arriver à quelque chose – on peut mettre n’importe quoi dans la première partie de la phrase – quand on a envie d’arriver ou qu’on rêve à quelque chose, il faut simplement se dire qu’on peut y arriver. Je l’ai dit tout à l’heure dans la conférence, c’est un grand homme qui a dit ça, qui s’appelle Walt Disney : « Si tu peux rêver à ça, tu peux faire ça ». Tout est dans la phrase. Il n’y a aucun interdit, le seul truc c’est de se donner les moyens de ses ambitions. C’est une phrase bateau, mais c’est réellement ça. J’ai travaillé, je me pose toujours la question de savoir si j’avais été plus doué, plus grand plus costaud ; est-ce que j’aurais eu la même envie de travailler, le même besoin d’aller dans mes retranchements. Et finalement, avec des qualités supérieures, est-ce que j’aurais fait la carrière que j’ai faite, qu’avec des qualités au départ normales pour un joueur de rugby.
Le succès passe par le travail
Maxence : Souvent, ce qui fait la différence c’est est-ce que vous avez le feu sacré en vous, est-ce que vous avez la niaque, est-ce que vous avez faim. C’est ça qui fait la grosse différence.
Patrick : Tu peux mettre le vocabulaire que tu veux dessus. Volonté, persévérance, obstination, détermination. Ça c’est le vocabulaire, si tu mets dans la case synonyme, ce sont tous les mots qui vont sortir, ça se rejoint. Mais ça passe par le travail. Des fois tu n’as pas envie, tu n’as pas envie d’aller courir le matin, pas envie d’aller faire des longueurs, pas envie de faire des pompes, pas envie d’aller faire de la muscu ; et pourtant il faut y aller. Il faut passer au-delà de ses envies. Il faut mettre une target et te dire où tu veux aller. Après il ne faut pas pleurer si tu n’y arrives pas. Il faut se donner les moyens d’y arriver, voilà tout. Ça a parlé à tout le monde dans la salle tout à l’heure, il y a aussi une phrase qui m’a marqué, c’est aussi un autre homme dont je lis beaucoup de livres. C’est Mandela qui a dit – pourtant quand on connait son parcours et les 27 ans de prison qu’il a faits – « Je ne perds jamais. Ou je gagne ou j’apprends ». Ça ne veut pas dire que tu ne perds jamais. Ça veut dire que lorsque tu as un échec, il faut vite savoir pourquoi tu t’es planté et comment ne pas se planter la fois suivante. J’applique ça à ma philosophie de vie en général et je ne conserve jamais un échec. Tu peux te louper, par contre comment faire pour ne pas se louper la prochaine fois. Est-ce que tu vas tirer des conclusions sur ce que tu viens de faire pour apporter les corrections pour la prochaine fois.
Ses erreurs
Maxence : Pour finir sur une dernière question, quelles sont les deux ou trois pires erreurs que tu aies faites. Quand tu as démarré ta chaîne de restaurants, dans la partie entreprenariat ; où avec le recul tu te dis « comment j’ai pu faire ce type d’erreur ».
Patrick : Je ne me dis pas ça parce que… Il y a des rencontres aussi… Il faut comprendre que je suis un autodidacte complet. Je suis tombé dans la restauration parce que j’ai choisi de faire un truc dans lequel je m’éclaterais. Je n’ai pas choisi de m’éclater dans la restauration, j’ai choisi de m’éclater dans le concept que j’ai créé. Il y a une énorme nuance. J’ai regardé ce qui était beau, dans lequel j’aurais du plaisir à venir travailler tous les matins pendant 35 ans. Je n’ai pas regardé si ça gagnait de l’argent, si ça allait être dur. Donc j’ai créé ce concept dans lequel je m’éclate toujours aujourd’hui. 27 ans après, j’ai toujours autant de plaisir à aller dans mes restaurants. Après, quand tu es autodidacte et que tu pars d’une feuille blanche, évidemment tu ne gagnes pas du premier coup, c’est clair. Tu apprends tout sur le tas, tu prends quelques marrons et tu corriges. Idem quand j’ai créé la deuxième génération de restaurant après le premier que j’ai créé en centre-ville, sur lequel j’étais complètement autodidacte, mais j’ai surfé sur la notoriété que m’apportait le rugby. J’ai créé le premier en 1993, j’ai joué jusqu’en 1999, il y a quand même 6 ans…
Le rugby à Toulouse, c’est quand même le football à Marseille ou au PSG. Là où tu t’aperçois du décalage, c’est quand j’ouvre le deuxième restau, que j’ai arrêté ma carrière. La notoriété y est toujours mais ce n’est plus la même. Et puis je passe à la vitesse supérieure, c’est-à-dire que tu passes d’une formule 3 à la formule 1. Un restaurant qui fait 60 places et un autre qui fait 180 places, 10 employés au plus fort de la fréquentation à 25 ou 30 employés à gérer ; tu as intérêt à vite te remettre en question parce qu’autrement tu prends le mur et tu ne t’en relèves pas forcément. C’est ce que j’ai fait, j’ai mis 6 mois à bien réfléchir, analyser, essayer de comprendre le pourquoi du comment, poser des questions, m’entourer. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions, personne n’a la science infuse. Je suis un boulimique de curiosité, de tout ce qui touche à la restauration et c’est comme ça que j’ai continué à avancer. Et après, tu grandis, tu t’entoures de gens qui ont les compétences que tu n’as pas ; et petit à petit, avec un peu de chance, de l’audace… J’ai eu une partie d’insouciance, de courage parce qu’il en faut aussi quand tu mets tes billes sur la table ; et généralement la mayonnaise n’est pas mal !
Ouvrages et lectures
Maxence : Juste pour revenir aux deux citations que tu as évoquées. Combien tu lis de bouquins, grosso modo, par mois ? Si tu avais 3 livres tops… tu les as même lus peut-être plusieurs fois… Quels sont les 2 ou 3 livres qui t’ont marqués ?
Patrick : Je ne peux pas te dire que je lis un livre par mois. J’ai des périodes. Je suis capable d’en lire 3 ou 4 par mois et puis je suis capable de ne pas en lire pendant 3 mois. Franchement, je ne suis pas réglé. C’est à l’envie, selon l’endroit où je suis, si je suis en voyage ou pas.
Maxence : Tu as lu des bouquins sur le business, je suppose ?
Patrick : Non, aucun ! Ce qui m’importe c’est moi avec moi-même.
Maxence : Plus développement personnel…
Patrick : Oui, ça c’est des grandes phrases ! J’essaie d’être en phase avec ce que je veux être, avec des valeurs que m’a inculqué mon père. Il ne m’en a pas beaucoup inculqué mais je le remercie de ce qu’il a pu inculquer. Si tu me demandes de ne citer qu’un livre, c’est celui de Frédéric Lenoir qui s’appelle Petit traité de vie intérieure. Je l’ai offert à tous mes enfants et petits-enfants. Je leur ai dit : « Laissez-le dans un coin, un jour il vous servira ». C’est un véritable chemin à travers toi-même, avec que des évidences. C’est ma bible aujourd’hui, j’ai stabilloté des passages. S’il n’y avait qu’un livre que je devais citer, ce serait celui-là. Après je suis très romans suspense et tout ça, et j’ai lu beaucoup de livres de Mandela.
Maxence : Souvent, ce que des entrepreneurs m’ont conseillé, c’est de lire aussi des autobiographies de gens inspirants puisqu’on apprend énormément sur eux.
Patrick : Oui ! J’ai lu celle de Richard Branson. Ce n’est pas les mêmes parcours mais…
Maxence : Celle de Xavier Niel de Free non ?
Patrick : Non, parce que je ne suis pas attiré par ça. Google et tout ça, je ne connais même pas. Je connais l’histoire mais… Je n’arriverais jamais à leur niveau donc je m’en fous… Ce qui m’intéresse c’est moi avec moi, d’être en phase avec ce que je veux ; pouvoir se regarder dans la glace tous les matins, c’est très important. Et c’est ce que j’ai inculqué à mon fils. Après, le reste, qu’est-ce que tu veux qu’il t’arrive, quand tu es loyal, tu es honnête.
Maxence : Si vous semez de bonnes choses dans la vie, dans la société, vous créez de la valeur et vous êtes toujours loyal, honnête…
Patrick : Oui ! C’est le principal, j’en suis convaincu.